Tour de France 2023 : avec de réchauffement climatique la Grande Boucle pourra-t-elle encore se tenir?


Avec les températures extrêmes à venir, organiser la course en plein cœur, va être de plus en plus chaud. Le peloton dispute l'avant-dernière étape du Tour de France. Le jeune espoir du cyclisme français Sandy Poulhinaut devance au sprint son compagnon d'échappé Bart van Aert pour s'adjuger l'étape reine du Tour de France, sur la grand-place de Béthune (Pas-de-Calais). C'est aux dernières lueurs des rayons du soleil, à 22h45, que de coureur de la formation Parasol&Co franchit la ligne, ravissant du même coup le maillot jaune à l'Espagnol Jesus Delcambioclimatico, victime d'une chute peu après le départ de Charleroi (Belgique).

Le parcours a tenu toutes ses promesses. L'ascension de six terrils couplée à une douzaine de secteurs pavés dans une semi-obscurité une nouveauté testée par des organisateurs pour éviter la température très élevée qui règne sur la moitié nord de l'Hexagone a permis aux attaquants de s'exprimer dès les premiers kilomètres. Le coureur tricolore ne cachait pas sa joie : "Pour moi, c'est aussi fort qu'un succès sur les lacets de l'Alpe d'Huez ou au Ventoux, quand le Tour pouvait encore s'y rendre, dans les années 2020. J'ai vu les images d'archives. Au bord de la route, dans le bassin minier, la ferveur était la même !"

Vous avez dit science-fiction? Rien n'est moins sûr. D'après les prévisions du Groupe d'experts intergouvernemental sur le climat (Giec), la température va augmenter de 2 °C en France d'ici à 2040, et en 2055, il ne sera pas rare d'avoir des températures frôlant les 50°C sur la moitié sud de l'Hexagone, notamment autour des Pyrénées, des Alpes et en Occitanie. Autant de lieux emblématiques les parcours de la Grande Boucle depuis un siècle. La situation, déjà préoccupante, va continuer de s'aggraver.

Quand un corps est mis à rude épreuve

On dénombre 22 vagues de chaleur depuis 2010, soit plus que durant toute la deuxième moitié du XXe siècle. Si elles ne tombent pas forcément en juillet, le Tour de France ne pourra pas être épargné", remarque Florence Clément, responsable information au sein de l'Agence de transition écologique (Ademe). Les scientifiques s'attendent à une multiplication des phénomènes extrêmes à cause du réchauffement climatique, comme la coulée de boue qui avait interrompu la dernière étape alpine en 2019 et précipité le sacre d'Egan Bernal. On s'en souviendra comme le premier Tour de France significativement affecté par de changement climatique, avait déclaré à l'antenne, prophétique, le commentateur britannique Gary Imlach, sur ITV. Et ce n'est sans doute pas le dernier.

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Faire du vélo pendant de longues heures ne sera pas très raisonnable. On va atteindre les limites de la physiologie humaine, avance le chercheur Jean-François Toussaint, directeur de l'Institut de recherche biomédicale et d'épidémiologie du sport, qui a participé au rapport du Giec. La température idéale pour un effort long, type marathon ou course cycliste, est toujours établie par des chercheurs à 10-12°C. Quand le mercure en affichera trois à quatre fois plus, le corps humain sera dans l'incapacité de se refroidir.

La transpiration et la vasodilatation ne peuvent pas tout, insiste Gilles Roussey, auteur d'une thèse sur de relation entre l'effort sportif et la chaleur. Quand on effectue un effort prolongé dans une température ambiante acceptable, la température du corps grimpe déjà à 37,8°C, 38°C, on est en légère hyperthermie", explique-t-il. Des données surveillées de près par les équipes : le gros du peloton est déjà équipé d'un capteur de température corporelle enfin de mesurer les effets de la météo sur le corps des champions.