La Turquie suspend toute relation commerciale avec Israël

La nouvelle étape est franchie dans la dégradation des relations entre Ankara et Tel-Aviv. Jeudi 2 mai 2024, le ministère turc du Commerce a publié un court communiqué par lequel il annonçait que les exportations et importations avec Israël sont désormais suspendues. Une décision pour protester contre la guerre menée par le gouvernement de Netanyahu dans la bande de Gaza où plus d’un million de personnes sont menacées par la famine.


La position turque depuis l’attaque du Hamas du 7 octobre était de plus en plus difficile à tenir, Le président Erdogan avait certes soutenu les Palestiniens, comme il le fait depuis des années dans les instances internationales. Il avait tenu des propos très directs à l’encontre du Premier ministre israélien, allant jusqu’à comparer Benyamin Netanyahu à Hitler. Mais les discours étaient de plus en plus en contradiction avec les faits. La poursuite du commerce entre la Turquie et Israël faisait l’objet de nombreuses critiques ces derniers mois.

Le petit parti du Yeniden Refah, allié de la coalition gouvernementale, est parvenu à séduire une partie de l’électorat islamo-conservateur en adoptant une position radicale au question israélo-palestinienne. Une manœuvre habile qui a affaibli l’AKP aux dernières municipales et a permis au principal parti d’opposition du CHP d’arriver en tête du scrutin.

Le ministère du Commerce a précisé que la mesure serait appliquée « jusqu’à ce que le gouvernement israélien autorise un flux ininterrompu d’aide humanitaire vers Gaza. Mercredi 1er mai, le chef de la diplomatie Hakan Fidan avait également annoncé que la Turquie allait s’associer à la démarche de l’Afrique du Sud auprès de la Cour internationale de Justice pour dénoncer un « génocide » à Gaza.

7 milliards de dollars d'échange entre ce deux pays

En 2023, les échanges entre les deux pays représentaient près de 7 milliards de dollars et la Turquie se classait au 5e rang des fournisseurs d'Israël. C'est beaucoup, mais Dan Catarivas, président de la fédération des chambres de commerces bi-nationale en Israël, préfère relativiser. 7 milliards de dollars, c'est effectivement un chiffre qui n'est pas négligeable. Mais Israël exporte pour plus de 160 milliards de dollars et importe un peu moins. Donc il faut mettre les choses à leurs proportions.

La presse israélienne rapporte que par les ports turcs toutes les marchandises à destination d'Israël sont bloquées, et que les biens en provevance du pays ne sont pas déchargés. C'est ainsi que se comportent les dictatures, a répondu le chef de la diplomatie israélienne. Israël importait surtout de Turquie des biens d'équipement, des produits alimentaires et des matériaux utilisés dans l'industrie du bâtiment, une industrie déjà affectée depuis avril par une première restriction des exportations turques.

Israël ne dépend pas de la Turquie pour aucun des produits. Tel que : l'industrie du verre, ces entreprises ont des usines pas seulement en Turquie, mais en Italie, en Roumanie. Donc on peut très bien penser que les acheteurs israéliens se fourniront auprès de ces entreprises en dehors de la Turquie.

La Turquie n'a en revanche pas précisé se cette mesure affecterait les livraisons de pétrole azerbaïdjanais qui transitent encore à ce jour par les ports turcs de la Méditerranée.